Des subventions qui font mal
Il faut sans doute le rappeler : l'usage de la voiture coute très cher, et l'usager ne paie qu'une partie du coût réel. Il n'y a pas que l'essence, l'amortissement du véhicule, les assurances et le garagiste. Il y a la route et l'impact qu'elle a sur son environnement, la pollution de l'eau, de l'air, le bruit, les déchets (pneus, carcasses, batteries etc. que l'on retrouve dans la nature), l'effet de serre, les soins aux victimes des accidents. Les coûts "externes" de l'automobile sont lourds, plusieurs dizaines de milliards d'euros chaque année, bien plus que les taxes sur les carburants, mais ils sont diffus et parfois différés, si bien qu'on les oublie. Depuis des dizaines d'années, l'automobile a été largement subventionnnée par toute notre société, pour développer notre industrie sans doute, mais au détriment de notre environnement, de notre santé, de notre qualité de vie en général, sans parler de nitre indépendance et de notre commerce extérieur. Il y avait d'autres manières de gérer la mobilité, à commencer par éviter la "mobilité contrainte", fille d'une urbanisation incontrolée. Une subvention qui ne peut être reconduite à l'infini. Tout le monde veut réduire les dépenses publiques, et bien en voilà une toute trouvée à laquelle il faut s'attaquer. La société s'est organisée en fonction de cette situation, qui était artificielle, même si on ne s'en rendait pas compte. Le retour à l'équilibre concerne tous les aspects de la vie, économique et personnelle, et nombreux sont ceux qui se sentent "piégés". Ils ont construit leur vie sur un modèle qui ne fonctionne plus. Cette transformation est évidemment douloureuse, sans doute plus psychologiquement que matériellement, même si les deux aspects se rejoignent souvent. C'est une remise en cause profonde des modes de vie. Une transformation de cette ampleur nécessite à l'évidence une détermination, mais aussi une empathie et un doigté exceptionnel, pour mobiliser toutes les forces vives et "embarquer" tout le monde sans laissés pour compte. L'ampleur du changement à accomplir apparait progressivement et surprend à la fois les citoyens "piégés" et les dirigeants. Il faudra de part et d'autre de la créativité et de la bonne volonté pour sortir de cette crise "par le haut".
Edito du 5 décembre 2018
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