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Changer de modèle

Il a fallu 20 ans ( de 1972 à 1993) pour que la chlordécone soit abandonnée aux Antilles. Au Japon, il avait fallu plus de 30 ans (de 1932 à 1966) pour que les rejets de métaux lourds dans la baie de Minamata soient interdits. Tout le monde connaissait les effets ravageurs de ces épandages, en premier lieu les pêcheurs, lesquels voulaient avant tout protéger la pêche, leur gagne-pain. On a gagné 10 ans pour réagir...  Un constat bien amer, qui témoigne de la résistance des intérêts économiques immédiats face aux intérêts collectifs et à long terme. Le maintien à tout prix de l'activité coûte cher, et longtemps. Dans les deux cas, tout le monde savait. Comme aujourd'hui pour le glyphosate. Bien sûr, il faut trouver d'autres solutions, mais nous savons qu'elles existent. Il y a beaucoup d'agriculteurs qui se passent du glyphosate. Le plus dur est de changer de mode d'explotation. Les solutions que l'on cherche encore, et qui justifient les délais obtenus, ne proposent que des substitutions de nouveaux produits aux plus anciens, dont a toxicité est reconnue. Les autres solutions, qui sont déjà en application, consistent à changer de mode d'exploitation. Un nouveau modèle économique, de nouveaux cycles, de nouvelles méthodes. La difficulté est alors qu'il faut accepter de changer. C'est tellement plus simple de continuer comme avant, en se contentant de substituer une molécule à une autre. Le précédent des espaces publics est instructutif à cet égard. La loi Labbé (de janvier 2014) a notamment interdit l'usage de produits phytosanitaires par les services des villes et villages de France, dans les espaces accueillant du public. Certaines villes se sont lancées avec beaucoup de dynamisme dans de nouvelles pratiques et parviennent à d'excellents résultats sans sortir de leur budget habituel d'espaces verts, montrant ainsi que le changement est possible. C'est avant tout une question de volonté et d'état d'esprit des acteurs. Une posture offensive, que l'on aimerait bien voir chez les agriculteurs qui tentent, à l'inverse de prolonger le passé.

Edito du 13 juin 2018

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