Où est la création de richesses ?
Il est largement admis que les seuls emplois qui comptent, qui créent de la richesse, sont les emplois marchands. On ne parle que de réduire le nombre de fonctionnaires, et les emploiis aidés font l'objet d'un mépris manifeste. Un raisonnement bien sommaire et souvent définitif, qui mérite au moins une réflexion, si ce n'est une critique. La quantité de richesses qui se créent chaque jour dépasse de beaucoup la production marchande. Et heureusement ! La production domestique est considérable, alimentation et tâches ménagères, éducation des enfants, bricolage et jardinage, etc. Elle représente l'équivalent du PIB. Le bénévolat associatif est une autre source de richesses, et on pourrait l'évaluer en imaginant que de bénévolat n'existe plus : Combien la société devrait-elle payer pour remplacer les restos du coeur ou les nombreuses associations caritatives ? A combien pourrait-on évaluer la valeur de nos paysages et de notre patrimoine, sauvegardés et souvent remis en état par des bénévoles ? Les associations luttent contre des fléaux qui couteraient bien plus cher à la collectivité s'ils se développaient sans réaction. Il y a aussi les 500 000 élus locaux, dont la plupart sont bénévoles, et qui administrent nos villes et nos villages, les animent et accompagnent les citoyens face à leurs problèmes quotidiens. Et puis s'ajoute l'économie collaborative, avec sa part de contributions gratuites, les échanges hors marché. Au total, c'est une économie non marchande d'un poids considérable qui coexiste avec le marché, supplée ses carences, et souvent détermine ses orientations. L'économie numérique fait l'objet de travaux (1), mais elle ne représente qu'une partie de cette économie non marchande. En ces périodes pré-électorales, et face aux défis concernant l'emploi, les retraites et le financement du développement dans les pays du Sud, sur fond de réchauffement climatique, espérons que le prochain prix Nobel d'économie sera dédié aux apports du secteur non marchand à la création de richesses, et à leur partage.
(1) Voir notamment "L'âge de la multitude", de Nicolas Colin et Henri Verdier, Armand Colin, 2015
Edito du 19 octobre 2016
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