Le travail, valeur bien malmenée...
Le discours est largement partagé : le travail est une valeur fondatrice de nos sociétés. Les faits sont loin de confirmer les propos. Le travail semble plutôt être une variable d'ajustement. Ce n'est pas le cas partout, il y a de nombreuses entreprises où les salariés sont considérés comme partie intégrante, dépositaires de sa cullture et de son capital humain. Mais la tendance, pour ne pas dire la dérive, tire vers une autre conception, où l'entreprise est associée exclusivement à ses actionnaires. De fait, ceux-ci sont mobiles, ils peuvent porter instantannément leurs choix vers d'autres entreprises, d'autres secteurs d'activité, et même d'autres pays. Il faut donc les chouchouter, leur donner la priorité pour les retenir, alors que les salariés, surtout dans un contexte d'emploi rare, sont liés durablement à leur entreprise, dans la plupart des cas. Le danger vient donc de l'actionnaire, surtout de l'actionnaire éloigné, qui place son argent pour le faire fructifier indépendamment de la nature et des conditions de production. Tout lui est donc dû, pour contenir ce danger. L'emploi, les salaires, les conditions de travail sont donc subordonnées à la satisfaction de l'actionnaire, et cela d'autant plus qu'il est étranger à l'entreprise, anonyme, indifférent au sort des salariés. L'écart entre le discours sur la valeur travail et les faits observés est de plus en plus flagrant. Le malaise social que nous observons en est largement la conséquence.
Edito du 9 mars 2016
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