Au-delà des discours trompeurs
En 2015, la Suède et ses 10 millions d'habitants ont accueilli 163 000 demandeurs d'asile. Ce serait l'équivalent d'un million de réfugiés pour un pays comme la France. De quoi déséquilibrer toute économie, pourrait-on penser, à en croire les nombreux cris d'alarme sur l'afflux des réfugiés. Il n'en a rien été. A contre-courant du discours ambiant, l'immigration a contribué à la croissance de l'économie suédoise, et le chômage a lui aussi diminué, selon les statistiques officielles publiées le 20 octobre dernier (1). De nombreux rapports d'économistes montrent de manière générale que la poussée démographique provoque une croissance économique. Alfred Sauvy le disait il y a des dizaines d'années. L'afflux de migrants stimule l'activité du pays, comme s'il s'agissait d'un défi à relever, et le résultat est une dynamique supérieure à celle du "fil de l'eau", ou "business as usual" si vous préférez. Il faut faire durer cet effet favorable, tel est l'enjeu véritable. Au lieu de lutter contre l'immigration, même à un haut niveau, mieux vaut s'y préparer. Il faut investir pour bénéficier des dividendes de l'immigration. Equipements d'accueil, santé, éducation, formation professionnelle. A défaut, les bénéfices attendus ne viendront pas, et les inconvénients d'une immigration ratée terniront le tableau. C'est un choix : soit l'argent public est consacré à ériger des murs (qui seront toujours franchis) , soit il l'est à faire le nécessaire pour une intégration réussie. En tenant le discours de la maitrise de l'immigration, nos dirigeants semblent avoir fait le choix de la première formule. Qui prendra le flambeau de la solution d'avenir ? Pour un développement "durable", il vaut mieux accepter l'inéluctable et s'en emparer comme d'un atout, que de la refuser et de se faire emporter par les évènements.
(1) Statistiques présentées notamment dans la journal "Le Monde" du 22 octobre 2016, sous la plume de Marie Charrel
Edito du 26 octobre 2016
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