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Au-delà de l'Homo aeconomicus

Il y a plus de 40 ans, dans un article célèbre, l'économiste René Passet regrettait la puissance de l'homo aeconomicus, "cet être vide et sans âme guidé par quelques mobiles rudimentaires, tout juste capable de s'adapter passivement aux forces du marché" (1). C'est cette domination qui suscite régulièrement des réactions de rejet, bien légitimes, comme le mouvement des indignés hier, et la nuit debout aujourd'hui. Il s'agit au fond de remettre au centre de la vie publique l'être humain dans toute sa plénitude, avec ses aspirations, ses sentiments, ses qualités et ses défauts. La force du système forgé autour de l'homo aeconomicus n'a pas permis de changer de modèle, construit autour du "toujours plus", sans que ce "plus" n'ait de sens. Une fuite en avant, incompréhensible à l'heure où nous savons que le monde est "fini". Le développement durable, porteur des valeurs du développement humain, propose une alternative, mais la citadelle créée par l'homo aeconomicus est trop solide pour tomber aux premiers assauts. Il faut être malin, opportuniste, il faut connaître les défauts dans la cuirasse de l'homo aeconomicus, il faut composer, ruser, hiérarchiser les enjeux, trouver des alliés, choisir ses combats et surtout les terrains où il faut les engager. C'est cette faculté à se doter d'une stratégie qui fait défaut aujourd'hui. Voilà où il faut porter l'effort.

1 - René Passet, L'économique et le vivant, 1974.

Edito du 13 avril 2016

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